mardi 1 mai 2018

Mon dîner avec un ex de Monsanto

Pourquoi les tomates n’ont plus de goût

Chère lectrice, cher lecteur,

À un dîner, la semaine dernière, je me retrouve assis à côté d’un ancien cadre de Monsanto.

Inévitablement, la conversation arrive sur les OGM, le Round-Up, etc.

Mais cet homme, très sympathique et intelligent, répond en souriant :

  • « Monsanto, ce sont des commerçants… Ils vendent des graines ; ils en ont des milliers en catalogue. Ils ont tout ! Et ils vous vendent celles que vous voulez ! Si vous voulez des espèces anciennes, délicieuses, ils les ont. Il suffit de demander. »
  • « Oui, mais alors pourquoi les tomates, elles n’ont plus de goût ? », interroge un convive.
  • « C’est les supermarchés ! Ils veulent des tomates rondes, rouges, dures, calibrées, qui restent des semaines dans les entrepôts et les rayons. »

Cela m’a rappelé une conversation récente avec un ancien agriculteur de Lorraine. Il avait tout abandonné pour se lancer… dans le marketing :

« L’agriculture en France, c’est fini. J’aurais pu produire de bonnes pommes ; mais il aurait fallu les vendre 15 euros le kilo… Impossible ! Les gens, ils veulent pas payer plus de 2 ou 3 euros…

Par contre, la pomme coupée en petits bouts et mise dans un gobelet en plastique avec un raisin, un quartier de mandarine, un bout d’ananas, de la poire pas mûre et un peu d’eau sucrée, ils l’achètent 30 euros le kilo au rayon « frais prêt à manger » dans les gares, les kiosques, les supérettes… C’est ça qu’il faut faire… »

 


Pour manger des fruits, de plus en plus de personnes se tournent vers les salades de fruits frais de mauvaise qualité vendues dans les gares, les kiosques, les supérettes… Moyennant quoi, ils en payent 10 à 15 fois le prix.

Et, de fait, il est facile d’accuser les supermarchés, les commerçants, les multinationales…

La question est de savoir pourquoi nous, les consommateurs, avons pris l’habitude d’acheter de la malbouffe hors de prix, y compris dans les rayons « produits frais » des magasins.

Faire son pique-nique

Quand j’étais petit, n’existait dans les gares aucune boutique. Tout au plus y avait-il un « buffet », déprimant, généralement… fermé.

Le grand plaisir quand nous partions en train, c’était d’ouvrir le sac à pique-nique où ma mère avait mis toutes sortes de produits délicieux. Du bon pain frais avec de la laitue croquante, du beurre de Normandie, de belles tranches de jambon à l’os, un généreux morceau d’emmental, une boîte avec une bonne salade assaisonnée de citron et d’huile d’olive, des biscuits secs qu’elle nous avait préparés et mis dans une boîte en fer, un Thermos de café.

Tout le monde faisait de même et l’idée d’aller acheter un pique-nique à 8 ou 10 euros (50 ou 60 francs à l’époque) composé d’un soda, d’un paquet de chips, d’un brownie sous cellophane et d’un mauvais sandwich industriel nous aurait paru impensable et, pour tout dire, immorale.

Plus encore, jamais nous n’aurions accepté de payer un prix disproportionné pour un récipient en plastique transparent garni de quelques carottes râpées sèches, de grains de maïs en boîte, d’une rondelle de tomate sans goût, de trois dés de féta, d’une salade aqueuse et d’un petit sachet en plastique contenant une vinaigrette artificielle.

 

Pourquoi acceptons-nous de payer le prix fort pour des « plateaux-repas » si mauvais ?
Que s’est-il passé ? Pourquoi les gens continuent-ils à accepter cela alors qu’ils savent que ce n’est pas bon, et trop cher ??

 

Manque de temps et d’énergie mentale

La réponse est simple, mais elle est triste.

Si nous cédons à la facilité du « prêt-à-manger », c’est parce que nous n’avons plus le temps ni, surtout, plus l’énergie mentale de nous soucier d’avance de notre nourriture.

Accablés par les soucis, poursuivis par les échéances, prévoir et prendre le temps de nous faire de bonnes choses à manger ne nous est tout simplement plus possible.

Nous préférons attraper ces produits dans un rayon, tendre notre carte de crédit, avaler ce que nous pouvons, puis jeter le sac (énorme) de tous les emballages, couverts en plastique, serviettes en papier qui constituaient au fond l’essentiel du volume de ces faux pique-niques.

La priorité, donc, est de reconsidérer nos vies pour comprendre pourquoi nous ne prenons pas plus soin de nous-mêmes, de nos enfants, de notre entourage, de notre table et de nos estomacs.

Soyons sûrs que, le jour où nous recommencerons collectivement à mettre notre argent dans de bons produits de qualité, les vendeurs de salades en plastique feront faillite !

J’aimerais vous lancer un défi

Lors de votre prochain voyage, n’attrapez pas une salade toute préparée dans un kiosque avant de vous jeter dans le train. Prenez le temps de préparer votre pique-nique avec de bons produits du terroir, de qualité, bio, des spécialités que vous aimez.

Mes sandwichs préférés étaient ceux à l’omelette, au gruyère et au poivre. Vous avez certainement vos propres bons souvenirs d’enfance.

Faites-vous un bon Thermos de thé vert à la menthe et prenez une bouteille d’eau achetée 80 centimes en magasin (et non 4 euros dans le train !).

Installez-vous confortablement dans le train et attendez l’heure de manger, si vous pouvez.

Votre voyage passera plus vite et plus agréablement, vous arriverez bien restauré(e), et vous aurez du mal à ré-acheter une salade de TGV.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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