samedi 11 août 2018

Nous avons 3 fois plus de grand-mères que de grands-pères

Et les conséquences pour la psychologie et la santé des hommes sont probablement colossales

Chère lectrice, cher lecteur,

Selon une nouvelle étude du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology à Berlin, nous avons trois fois plus de femmes que d’hommes parmi nos ancêtres ! [1]

Cela viendrait du fait que pratiquement toutes les femmes fécondes avaient au moins un enfant au cours de leur vie, tandis que, chez les hommes, il y avait un fort déséquilibre entre ceux qui avaient beaucoup d’enfants et ceux qui n’en avaient pas du tout.

En effet, il y aurait eu dans de nombreuses civilisations des « super-reproducteurs », c’est-à-dire les grands guerriers, chefs, patriarches, qui avaient de nombreuses épouses et concubines, et de nombreux enfants.

Un homme sur douze en Asie porterait le chromosome Y de Genghis Khan. [2]

Dans la mesure où le nombre de garçons et de filles à la naissance est à peu près équilibré, tout homme qui prend plusieurs femmes prive autant d’autres hommes de descendance.

Le déséquilibre était renforcé par tous les peuples agressifs qui pratiquaient le rapt, la razzia, consistant à attaquer un peuple pacifique concurrent et à :

1. Tuer tous les hommes vaincus,
2. Violer les femmes et/ou les prendre comme concubines,
3. Castrer les jeunes garçons pour en faire des eunuques.

Là encore, c’était autant de « mâles » qui quittaient l’arbre généalogique de l’humanité, et autant de femmes qui, au contraire, y entraient (involontairement).

Ah, les femmes !

Je relisais l’Iliade ces dernières semaines, ce livre qui raconte l’histoire de la Guerre de Troie, écrit il y a presque 3000 ans :

1. La guerre se déclenche parce que la femme d’un roi, Hélène, a été enlevée par un autre, et le premier prétend bien la récupérer ;
2. Tous ses efforts sont compromis au moment où le grand guerrier Achille cesse de combattre parce qu’on lui a pris une des femmes qui faisait partie de son « butin » ;
3. Pour le persuader de revenir se battre, le roi Agamemnon lui promet la plus belle de ses filles.

On voit que la question des femmes était centrale dans la guerre. Les héros semblent trouver normal de capturer et de s’échanger des femmes même s’ils en ont déjà de nombreuses.

On sait que les Gaulois étaient polygames, Charlemagne a eu quatre épouses et de nombreuses concubines, [3] et la pratique des maîtresses plus ou moins officielles est restée en vigueur chez les seigneurs européens jusqu’au 19e siècle, au moins.

En tout cas, l’espèce humaine ne s’est pas développée selon le modèle « bourgeois » européen de Monsieur, Madame, et leurs enfants…

Pauvre cachalot

Chez les mammifères, c’est une règle générale.

Le mâle le plus gros, le plus fort, le plus agressif, a le privilège de se reproduire. Les autres, tant pis pour eux.

Les cachalots peuvent former des groupes de mâles célibataires qui errent dans les océans, privés à jamais d’espoir de descendance ! [4]

À l’inverse, il n’existe pas de femelle seule, dont personne ne veut. Même celle qui est moins bien que les autres trouvera toujours un mâle qui acceptera de se reproduire avec elle, si elle est féconde.

Quelles sont les conséquences de ce phénomène ?

Des conséquences très concrètes sur la psychologie des hommes, qui pourraient expliquer certaines choses sur leur santé.

Le seul, mais gros, désavantage d’être un homme

Les femmes sont massivement désavantagées dans notre société. Elles ont plus tendance que les hommes à l’anxiété et à la dépression, ce qui est lié. [5]

Mais il y a tout de même un domaine où les hommes sont désavantagés : la longévité, avec un écart énorme qui se maintient impitoyablement. 6 ans de vie en moins, en moyenne, pour les hommes : [6]

L’énorme écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes s’était encore accru entre 1960 et 2000. Actuellement, il est revenu à son niveau historique de 6 ans.

Or il y a des explications à cela :

  • Les comportements les plus nocifs pour la santé (alcool, tabac, drogue, criminalité) sont très majoritairement le fait des hommes, entraînant un taux très supérieur de cancers notamment ;
  • Il y a 3,3 fois plus de suicides chez les hommes. [7]

On voit donc que ce sont principalement les comportements auto-destructeurs qui sont à l’origine de la différence d’espérance de vie.

Il y aurait un nombre beaucoup plus important d’hommes qui se laisseraient complètement aller, qui ne tiennent plus du tout à la vie.

Ces hommes qui raflent la mise

Peut-on faire un lien avec le fait qu’une minorité d’hommes « rafle la mise », dans tous les domaines, à commencer par celui des femmes et de l’amour, laissant d’autres hommes exposés à un plus grand risque de solitude et de détresse ?

C’est une idée à laquelle je réfléchis souvent en ce moment.

D’un côté, il y aurait les hommes qui récoltent tous les succès : présidents, champions, artistes, millionnaires, dirigeants, etc. La société serait outrageusement biaisée en faveur de ces hommes. Et tous les yeux sont rivés sur eux.

Mais à l’autre extrême, et symétriquement, il y aurait les alcooliques, les SDF, les prisonniers, les suicidés, en très grande majorité des hommes aussi. Comme si les hommes payaient leurs chances supérieures de réussir par un risque plus grand d’échec total.

Je ne sais pas si c’est une loi de la Nature. Je note en tout cas que, de ce point de vue, la société moderne continue à présenter d’étranges similitudes avec le mode de vie archaïque.

Cela peut-il changer ? Peut-on rêver que les hommes et les femmes soient un jour sur un pied d’égalité ? Ou doit-on se résigner à ce que chacun ait ses avantages et ses inconvénients ?

Peut-on espérer une société où tout le monde aurait la chance de devenir « heureux, riche et célèbre » sans risque, en contrepartie, d’échouer ?

En tout cas, même si nous nous améliorons petit à petit, il me paraît utile de se souvenir que la Nature, elle, ne fait pas de cadeaux à tout le monde.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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